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Observation de Paramesotriton guangxiensis (Huang, Tang et Tang, 1983) dans son milieu naturel.
Par Arnaud JAMIN
 

Début janvier 2004, lors d’un séjour en Chine , j’ai visité la région du Guangxi, au sud-ouest du pays. Après mon arrivée dans la capitale régionale Nanning, j’ai retrouvé Mr Yunming MO, professeur au Muséum d’Histoire Naturelle du Guangxi qui a accepté de me conduire dans une réserve où il connaissait un site à Paramesotriton guanxiensis.
Nous nous sommes rendu dans la réserve forestière nationale de Shiwan Dashan, proche du Vietnam et située à environ 300 km de Nanning, dans le district de Fangcheng. Nous avons roulé plus d’une demi journée à bord d’un gros véhicule 4x4 du Muséum, empruntant d’abord une autoroute flambant neuve vers le sud jusqu’à Fangcheng puis nous avons filé vers l’ouest par des petites routes puis des pistes au travers une région qui devenait de plus en plus vallonnée et montagneuse.

Notre lieu d’arrivée, à une dizaine de kilomètres seulement de la frontière avec le Vietnam, était une maison forestière située aux abords d’une large piste de terre rouge qui grimpait dans le massif montagneux recouvert de forêts. L’altitude était aux environs de 400 m. Le point culminant de la région est le Mont Shuliangling qui culmine à 1462 m. Il y a 30 ans, des tigres étaient encore présents dans la région mais l’activité humaine, l’exploitation forestière et la chasse les ont fait disparaître.

De là, une dizaine de forestiers nous ont rejoints et nous avons poursuivi la piste un long moment. Les véhicules ont stoppé aux alentours de 600m d’altitude.
Le temps était clair et la température dans la journée était d’environs 25°C bien que le mois de janvier soit une période fraîche et sèche. L’accès au site s’est ensuite fait à pied.

 

Le sentier emprunté pendant une heure environs était abrupt, fin et sinueux. Nous avons traversé une zone assez sèche, le couvert forestier était fait de pins, d’arbustes qui produisent l’anis étoilé et des graminées recouvraient le sol. Ensuite, sur un autre flanc de montagne, nous sommes arrivé dans une zone plus humide, plus ombragée et le décors était totalement changé. C’était une forêt tropicale avec ses grands arbres portant de nombreuses épiphytes et sur le sol des fougères.

Après une heure et demi de marche nous sommes sorti de la forêt et avons aperçu en contrebas un ruisseau.

Le décors était magnifique : un petit torrent de montagne serpentait au milieu de la forêt, la couleur dominante du ruisseau était un ocre rouge qui faisait un superbe contraste avec le vert alentour. Le lit du ruisseau avait une largeur de 5 à 8 m. La profondeur d’eau était souvent peu importante, sauf par endroits, des vasques profondes d’au moins un mètre. Les nombreux rochers qui dépassaient permettaient de traverser au sec. C’était la période sèche, le débit d’eau était faible et sa température aux environs de 18°C.

Le milieu était très caillouteux, une multitude de galets de toutes tailles, constitués d’une roche rouge usée et polie par l’eau recouvraient le fond et les bords du ruisseau. Aucune végétation aquatique, sauf quelques algues vertes qui se développaient au soleil dans des flaques calmes et peu profondes.

 

Sur les berges,de nombreuses plantes qui poussaient, elles étaient sans doute immergées lorsque le niveau de l’eau augmentait. Peut-être servaient elles de support de ponte pour les oeufs des Paramesotriton.

Le premier Paramesotriton observé, a été rapporté par un de mes accompagnateur, armé d’une petite épuisette et qui se servait de quelques grains de riz pour attirer les tritons hors de leurs cachettes ! L’animal a été attrapé dans un tout petit affluent qui descendent des pentes de la montagne sous le couvert forestier.

Le Paramesotriton d’une douzaine de centimètres était un mâle, la bande blanche sur la queue et le cloaque bien développé étaient révélateurs.

Ensuite, trois autres tritons ont été capturés, dans le ruisseau cette fois. J’ai observé le dernier avant sa capture ainsi qu’un autre qui n’a pas été capturé. Ces animaux se situaient dans des zones relativement vastes et profondes (50 cm à 1m d’eau). Ils étaient postés tranquillement sur les galets du fond, dans des zones ensoleillées. Ils se déplaçaient peu mais semblaient en train de surveiller leur territoire, sortant à découvert pendant les heures les plus en soleillées de la journée.

Sur les quatre mâles capturés, trois présentaient de grandes similitudes : de larges taches rouge orange sur le ventre avec le dos brun noir et une peau verruqueuse.

 

Seul le quatrième individu semblait un peu différent, il était plus gros, les taches du ventre un peu plus petites laissant apparaître de plus larges bandes noirâtres et un dos plus foncé et plus lisse. Sa grande taille et son aspect général me laissaient penser que l’individu était âgé, ce qui peut expliquer les légères différences avec les autres animaux observés.

 Malgré environs 3 heures de recherche, nous n’avons pu observer que des mâles. Les femelles étaient absentes. Deux explications sont envisageables : elles restaient peut-être cachées dans les anfractuosités des roche ou sous des galets et ne sortaient pas à découvert, ou elles n’étaient pas présentes à l’eau et avaient un mode de vie terrestre dans les sous bois alentours pendant la période sèche.
La visite de ce site fut relativement brève mais suffisante pour rapporter quelques clichés de cette espèce encore peu connue et qui n’avait pas encore été photographiée dans son milieu naturel. Les ressemblances avec Paramesotriton deloustali qui vit non loin de là mais de l’autre côté de la frontière, au Vietnam, sont frappantes et les deux formes semblent très proche. Cela est maintenant confirmé par une étude génétique récente (Lu S. et al., 2004).

Arnaud JAMIN
arnojam@club-internet.fr
Le Theil
F-49150 LE GUEDENIAU