Pour les amateurs d'Urodèles
 
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Terrarium :

Deux solutions s’offrent à vous pour la maintenance et l’élevage des pleurodèles.
-Une maintenance permanente en aquaterrarium.(a)
-Une maintenance en aquarium (b) pendant 10 mois de l’année ,et une période de repos prévue dans un petit bac plastique type Fauna Box ®(c) ou un aquarium couvert.

Pour (c) ,un bac de 45x25x25 pour un ou deux adultes conviendra .Il sera garni de 5 cm de terreau stérilisé au micro-ondes .Un plat d’eau devra permettre aux animaux de s’immerger totalement et même de nager un peu .Ils ne s’alimentent pas pendant 5 à 6 semaines aux alentours du mois de Janvier .Une ou deux pierres plates et une écorce serviront d’abris .Dans les régions peu ou pas exposées au gel ,on pourra laisser sous abri extérieur cette boîte d’hivernage (en prenant soin de la rentrer à l’intérieur si des jours de gel s’annoncent ).Sinon ,une pièce avec un minimum d’éclairage entre 5°C et 10°C ,mais pas en dessous de 3°C conviendra parfaitement .

Pour (a) et (b) ,il faut un bac plus long que haut ,s’ouvrant par le haut ,et non un terrarium classique .Il fera au minimum 50 litres par animal .On peut maintenir un groupe important dans un grand aquarium ,nous maintenons 3 :4 dans un bac de 400 litres .Pour un couple ,des dimensions de L 60 à 80xl 40 xh 40 conviennent parfaitement .Il est impératif que le bac soit couvert hermétiquement pour éviter les évasions ,avec un minimum d’aérations .En aucun cas il ne doit y avoir de buée sur les vitres .

(a) est aménagé en aquarium classique mais devra comporter une petite surface suffisante pour que les animaux puissent se hisser à l’air libre :une « île » faite de galets siliconés entre eux ou une écorce de chêne-liège flottant à la surface sont deux bonnes solutions .

(b) est constitué d’une petite partie terrestre (de 10x 40 cm par exemple ) avec une pente douce formant un plateau prenant la moitié de la surface aquatique de l’aquaterrarium ,ce plateau aura une profondeur d’eau de 5 cm environ .Le reste de la surface sera ,avec un à-pic entre ces deux parties ,prévu pour une hauteur d’eau de 15 à 25 cm .Il est inutile de prévoir trop de profondeur .

L’eau devra être filtrée (nous utilisons un filtre Juwel® Compact H) mais aucun « bulleur » n’est conseillé .La mise en place du bac se fera 6 à 8 semaines avant l’arrivée des animaux .

Pour la partie aquatique ,attention à ne pas utiliser un substrat trop fin :la granulométrie du sable de Loire vendu en magasin d’aquariophilie est trop fine et risquerait de causer des occlusions .L’idéal est un gravier grossier mais non coupant mélangé avec de petits galets .Il va de soi qu’en plus de la masse d’eau nécessaire ,l’aquarium devra être solide et posé sur un support prêt à supporter 200 kilos .La partie terrestre est faite de sable de Loire ou de terreau de feuilles recouvert de sphaigne .Elle comportera impérativement plusieurs abris :écorces de liège ,tuiles ,voire tuyaux de PVC .La partie aquatique devra être abondamment plantée avec des espèces d’eau froide : Acorus gramineus; Bacopa monieria; Elodea canadensis; Hydrilla verticiclata; Lagarosiphon madagasericuse; Lemna minor; Luwigia repens; Myriophyllum aquaticum; Sagittaria graminea; Vallisneria .

L’extérieur du bac sera « isolé » visuellement pour minimiser le stress des animaux avec de l’adhésif vendu pour les aquariums (« poster ») ou des plaques de liège vendues en rouleaux de 3 mm d’épaisseur dans les magasins de bricolage et collé avec du silicone transparent .

Des cachettes sont également indispensables dans la partie aquatique ,on pourra utiliser des assemblages de galets avec du silicone pour faire au moins deux petites « grottes »,une brique creuse ,ou tout autre matériau adapté et non toxique .

N’introduisez aucune plante prélevée dans une mare et faites-vous aider par un conseiller en animalerie pour ensemencer correctement votre bac en bactéries bien avant sa mise en service finale s’il s’agit de votre premier bac .Gardez à l’esprit que les pleurodèles vivent dans des mares souvent troubles ,et qu’une ambiance assez sombre devra être recréée pour ces animaux dont les yeux supportent mal les lumières vives .Veillez cependant à l’hygiène des éléments que vous introduisez pour le décor et l’aménagement du bac .Nous avons en effet remarqué que P. nebulosus était particulièrement sujet aux problèmes d’épiderme (mycoses,dermites ).

Les pleurodèles doivent être maintenus seuls sans aucune autre cohabitation ,ni avec des poissons ni avec d’autres amphibiens ,ils sont en effet voraces ,territoriaux et volontiers agressif avec tout animal plus petit qu’eux ,et s’effraieront d’être en présence d’un animal plus grand .


Chauffage et éclairage :

Il s’agit d’une espèce d’eau froide ,donc aucun chauffage de l’air ou de l’eau n’est conseillé .De plus les fortes chaleurs d’été sont à éviter .Pour le confort des animaux ,on les maintiendra en toutes saisons en dessous de 25°C dans l’air .Si vous n’avez aucune pièce convenant à cet impératif ,mieux vaut renoncer .Au-dessus de 28-30°C dans l’air et 24°C dans l’eau ,cela devient pour eux un problème de survie .Ils sont très résistants ,mais c’est là une faiblesse rédhibitoire .Une baisse nocturne de 2-3°C est souhaitable .

L’éclairage est assuré par des tubes fluorescents de type Sylvania® Gro-Lux qui serviront surtout à la croissance des plantes et à l’esthétique du bac .Une photopériode de 14 h en été contre 9h en hiver ,avec des variations très progressives est appliquée selon un cycle annuel reproduisant la durée du jour sous nos latitudes .

Une période de repos ,que l’on souhaite ou non reproduire ,est essentielle à la longévité des animaux et à leur bonne santé :c’est le but du bac hivernal (c).


Hygiène et entretien :

On renouvellera l’eau toutes les semaines à raison de 10 à 20% de la quantité d’eau présente dans le bac .L’eau qu’on apportera sera mise à décanter 24 heures dans un seau .Il faut éviter les produits de traitement contre les algues et préférer laisser les pleurodèles s’en charger en les faisant jeûner un peu .


Alimentation :



Le pleurodèle n’est pas difficile .Toute nourriture carnée ,vivante ou inerte,d’une largeur n’excédant pas la moitié de celle de la bouche sera avidement consommée .On le nourrira de préférence le soir ,peu avant l’extinction de l’éclairage artificiel .Il est important de varier les menus et d’apporter au moins 3 ou 4 types différents de nourriture en les alternant .Par contre ,on s’abstiendra d’aller chercher dans les mares de quoi les nourrir ,cela pourrait introduire des bactéries ou parasites indésirables .Une petite part végétale de temps à autre n’est pas mauvaise :nous utilisons des algues japonaises réhydratées (« Nori ») en petits morceaux ,du cresson et des épinards .Il faut donner des proies vivantes en priorité ,car elles n’ont pas perdu un certain nombre de micro-nutriments absents ou dégradés dans la nourriture congelée :


-Proies vivantes données à l’aide d’une pince (pour jeunes et adultes ) :vers de vase d’eau douce et ceux utilisés pour la pêche en mer ,teignes de ruche ,grillons ,vers de farine ,sauterelles vertes ,daphnies (éviter les séchées),lombrics ,tebos ,larves de cétoine…

-Proies congelées ou inertes :cubes congelés de vers de vase ,lamelles de viande de volaille cuites ,fruits de mer en conserve préalablement trempés dans l’eau pendant une heure ou 2 pour enlever l’excès de sel,crevettes congelées…

Aucune supplémentation calcique ou vitaminique n’est nécessaire .Il convient de trouver un équilibre pour ne pas surnourrir ses pleurodèles .Dans la nature ,ils doivent parfois jeûner un jour ou deux ,ou se contenter de quelques maigres proies pendant un temps .Deux lombrics de belle taille par jour ou deux cubes de vers de vase sont amplement suffisants pour chaque jour .Attention ,toute nourriture qui ne serait pas consommée rapidement polluerait votre bac :en effet ,il faut toujours nourrir dans l’eau .

Reproduction :

Dans la nature ,les accouplements ont lieu dans l’eau ,selon les latitudes ils ont lieu de Mars à Octobre voire Novembre .Les pleurodèles « sauvages » font généralement deux pontes annuelles .

-Parade nuptiale :



En captivité ,en-dehors des périodes de repos ou d’éventuelles grosses chaleurs en été ,les accouplements peuvent avoir lieu n’importe quand .La maturité sexuelle intervient vers 18 mois .Les parades nuptiales peuvent être assez agitées voire violentes ,mais nous n’avons jamais constaté de blessures .La fécondation est typique des urodèles :le mâle colle son cloaque à celui de la femelle et l’excite avec ses spermatophores qu’il dissémine sur les œufs pondus par celle-ci .Une grosse femelle P. waltl peut pondre jusqu’à 1000 œufs ,les pontes des deux autres espèces sont beaucoup plus modestes ,aux alentours de 150-200 œufs pour les meilleures pondeuses .Les œufs sont déposés en paquets de 20 à 70 sur la végétation .Nous avons constaté des reproductions chez d’autres éleveurs qui ne font même pas de période de repos pour les déclencher .

-Œufs fixés aux plantes :



Les larves se développent de façon spectaculaire d’abord à l’intérieur de l’œuf puis elles éclosent au bout de 8 à 14 jours selon la température de l’eau (12 jours à 18°C) .Nous en transférons une petite quantité (environ 100 ) dans un aquarium avec 5 cm d’eau ,en coupant les tiges des plantes sur lesquelles ils sont collés .L’eau devra être tempérée (pas moins de 14°C ) et bien oxygénée à l’aide d’un diffuseur .

Il y a toujours dans les 2-3 premières semaines une importante mortalité des larves .La courbe de mortalité juvénile suit une courbe inversement exponentielle au fil du temps ,mais il peut y avoir des décès « naturels » jusqu’à la métamorphose intervenant au bout de 80 à 130 jours .La larve se développe d’abord avec des branchies externes qui s’étendent aux premiers stades ,puis régressent avec l’arrivée de la métamorphose ,d’abord visible au niveau des pattes qui deviennent plus robustes .

Les larves sont extrêmement voraces ,elles sont parfaitement capables de s’entre-dévorer si elles ne sont pas assez nourries .C’est là la principale difficulté logistique de l’élevage :nous sacrifions une grande partie des larves pour l’étude en laboratoire ,mais pour celles qui restent en vie ,il faut être présent pour nourrir deux fois par jour et disposer d’assez de nourriture .La taille à l’éclosion (18-22 mm) impose l’emploi de nauplies d’ Artemia salina comme nourriture de base ,et de cubes de tubifex hachés .Les larves se développant dans une eau trop chaude ont des tendances à la tératogénèse (apparition de déformations anormales , « monstrueuses ») .On nourrit ensuite de proies plus grosses en fonction de la croissance .
-Larve fraîchement éclose ,récoltée dans une rivière à cours lent du Portugal :


-Larve de P. nebulosus avec les branchies pleinement développées :

-Larve de P. waltl au bout de 2 mois :






-Evolution de P. waltl :
-Juste après éclosion (J+12 ):

-Stade larvaire typique (J+50) :

-Jeune adulte métamorphosé (J+120) :




-Etude biochimique de la toxicité des larves de Pleurodèle sur : http://www.pesticideinfo.org/List_AquireAll.jsp?Species=2264&Effect='Injury'

Les larves ne sont cependant pas plus dangereuses pour l’homme que les adultes .

Sur 200 larves écloses ,nous gardons une dizaine de jeunes métamorphosés pour la génération suivante .Ce chiffre nous paraît cohérent par rapport à la prédation exercée sur les œufs et les larves en milieu naturel ,où seuls 1 à 4% des œufs donneront un jour des adultes .

Budget :

L’installation de départ reviendra à environ 150 € tout compris .Les adultes sont peu onéreux ,environ 8 à 15€ auprès d’un éleveur ou dans une animalerie .Pour les futurs acquéreurs de P. poireti et P. nebulosus ,gardez à l’esprit que cette dernière espèce est encore le plus souvent vendue comme du poireti et que pour ces deux taxons ,le risque d’avoir des adultes sauvages est non négligeable .Pour P. waltl ,une grande majorité des sujets présentés à la vente sont issus de générations captives .Les individus sauvages sont bien entendu porteurs de parasites et plus farouches .Les larves sont souvent « encombrantes » à gérer au point que les éleveurs en euthanasient une partie ou les donnent sur les forums spécialisés .L’élevage a l’inconvénient d’être peu rentable ,voire à perte ,et de prendre beaucoup de place et de temps .En effet ,il faudra investir dans un bac d’éclosion ,puis dans un ou plusieurs bacs intermédiaires pour chaque génération de larves .Il faut néanmoins qu’un minimum de possesseurs de pleurodèles se donnent la peine de les reproduire pour que nous continuons à disposer de souches captives sans avoir besoin d’en prélever en milieu naturel .Nous avons fait importer en 2003 un lot d’adultes sauvages du Maroc ,mais il s’agissait d’introduire du sang neuf dans nos lignées de laboratoire .

Conclusion :



Espèces robustes et accommodantes ,les pleurodèles sont idéaux pour débuter avec les urodèles .Tant qu’ils ont assez de nourriture et que l’hygiène du bac sera propre ,tout se passera bien .Ils sont de plus agréables à regarder évoluer ,par contre ce ne sont pas des animaux qu’on peut manipuler .Si on doit le faire ,il faut toujours procéder avec délicatesse .En cas de percement de la peau par les côtes ,celle-ci se reforme toute seule :l’espèce a ;à l’instar de nombreux urodèles ,des particularités étonnantes ,dont celle de pouvoir régénérer les doigts ,la queue ou les membres en cas de perte .Avec les axolotls ,ils sont devenus depuis plusieurs décennies des animaux de laboratoire .La reproduction est par contre coûteuse en temps ,en énergie et en nourriture ,mais la maintenance est réellement à la portée de tous .

Remerciements :

João Miranda Rosa et Tiago Rosa (site : http://www.chioglossalusitanica.blogspot.com )pour leurs photos ,le témoignage de terrain et d’élevage de João ;Triton et son forum http://urodeles.com.ifrance.com/forumuro/phpBB2 ,Andrew Tillson-Willis ,Hwall de Aalten (Henk Wallays ,henk.wallays@pandora.be),Belgique pour certaines photos ,I. Perez du Parque Nacional de Cabañeros ,Espagne pour ses précieuses informations ,L. Lieury,K. Delaby pour son aide d’identification d’espèces et sa passion sans failles de naturaliste de terrain et de terrariophile ,Virginie et Christophe Hainaut L.Fabra.


Bibliographie :

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-Große, W.-R. (1983) Olme, Molche, Salamander. Vivaristik Ratgeber (Cool, Neuman Verlag Leipzig-Radebeul Rivera, X. und Barrio, C. (1996) Amphibien Nordafrikas - Hypothesen über den Ursprung und die Evolution. REPTILIA 6: 43-48
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© Hervé Saint Dizier ,Caen,France ,Janv.2007,tous droits réservés.