Ambystoma mavortium et autres salamandres tigrées.Ambystoma mavortium est une des salamandre tigrée que l’on trouve en Amérique du nord, principalement aux Etats-Unis, mais aussi au Canada (Sud) et Mexique (Nord-Est).
On distingue 2 principales espèces de salamandres tigrées :
Ambystoma tigrinum, la salamandre tigrée de l’Est (the Eastern tiger salamander) décrite par Green en 1825 et
Ambystoma mavortium, la salamandre tigrée de l’Ouest (the Western tiger salamander).
Ambystoma mavortium regroupe en fait plusieurs sous espèces géographiques.
Ambystoma m.mavortium, (Baird 1850), salamandre/ambystome tigre du sud, barred tiger salamander : Texas, Nouveau Mexique, Oklahoma, Kansas, Colorado,Nebraska.
Ambystoma m. melanostictum, (Baird 1860), salamandre/ambystome tigre de l’Ouest, blotched tiger salamander: Wyoming, Nebraska, Montana, Sud Dakota, Washington Canada.
Ambystoma m. diaboli, (Dunn 1940), salamandre/ambystome tigre du Nord, Gray tiger salamander: Nord Dakota, Canada.
Ambystoma m. nebulosum, (Hallowell 1852), salamandre/ambystome tigre de l’Arizona, Arizona tiger salamander: Nouveau Mexique, Colorado, Arizona, Utah.
Ambystoma m. stebbinsi, (Lowe 1954), salamandre/ambystome tigre de Sonora, Sonoran tiger salamander: Sud de l’Arizona.
Ambystoma mavortium mavortium, la forme typique a une coloration dorsale noire barrée de taches jaunes verticales plus ou moins allongées tandis
qu’Ambystoma tigrinum a les parties supérieures gris foncé avec des taches rondes irrégulières d’un jaune/marron moins éclatant.
Des variations des colorations typiques apparaissent chez les individus issus des croisements entre espèces et sous espèces. La coloration varie aussi selon les saisons, à la sortie de l'hiver les salamandres sont plus sombres.
Photos: Paul Devienne
ces 2 espèces sont encore trop souvent confondues dans le commerce
A.mavortium étant vendue pour de la
tigrinum...
Les sous espèces
mavortium et
melanostictum sont les plus fréquemment trouvées en terrariophilie,
diaboli est plus rare, les autres ne me sont pas connues. Elles sont très bien décrites dans le livre de Jean Raffaëlli.
(Photos à venir)Ambystoma mavortium diaboli: coloration gris vert sombre à jaune clair parsemé de points noirs, la coloration peut être uniforme sans taches.
photo: Paul Schumann sur Caudata.org
Ambystoma mavortium nebulosum: coloration grisâtre, mouchetée de tâches noires.
Photo: Travis sur Caudata.org
Les règles d’élevage qui suivent sont valables pour l’ensemble de ces salamandres tigrées.
Hébergement en terrarium.
Ces salamandres tigrées sont de grande taille, elles peuvent atteindre plus de 30 cm et sont de ce fait les plus grandes salamandres terrestres ; les héberger en captivité requiert donc un grand terrarium.
Pour 1 couple adulte, un minimum de 80x30 cm de base pour un aquarium/terrarium du commerce ; mieux vaut voir plus grand ; mes terrariums faits « maison » font 100x45x30cm, offrant une bonne surface, la hauteur de 30 cm est suffisante , compter 10 à 15 cm de substrat selon la saison, laissant 20 à 15 cm de hauteur pour le décor et la végétation…
Dans leurs milieux naturels, les salamandres tigrées ont l’habitude de s’enfouir dans le substrat, sous des feuilles mortes, sous une souche, formant leur propre terrier ou encore squattant parfois un terrier de rongeur abandonné, ces mœurs fouisseuses leur ont values le surnom de « mole salamanders » : les « salamandres taupes ».
Le substrat à utiliser doit être meuble permettant aux salamandres de s’enfouir facilement, j’utilise un mélange de tourbe ou terreau et de sable, dans les proportions 2/3-1/3, auquel je rajoute quelques poignées de feuilles mortes (chênes, hêtres,…), des morceaux de bois en décomposition. Le substrat devra être humide mais pas trempé, on humidifiera un coté du terrarium pour créer une zone plus humide et à l’opposé une zone plus sèche, on procédera alors par pulvérisations d’eau claire (eau de pluie de préférence)
On peut disposer au sol des empilements de branches mortes ( chênes, hêtres), des écorces de chêne liège qui serviront aussi d’abris, des boules ou plaques de mousses végétales dans la partie humide et des plantes en pots ( fougères, lierre) résistantes au piétinement des grosses salamandres, je rajoute une couche de feuilles mortes en surface pour constituer une litière.
branches mortes moussues, plaques de mousse se ramassent dans les bois, dans les parcs, les fougères peuvent s'acheter en jardinerie ( plantes extérieures ), et peuvent se reproduire abondamment dans les jardins, les feuilles mortes se ramassent à l'automne sous les chênes et hêtres en forêt ou dans des parcs, et se conservent au sec dans un sac aéré (filet à pommes de terre).
Une partie aquatique n’est pas utile pour les adultes hors période de reproduction.
quelques vues de mes terrariums, (écorces, fougères, mousse, feuilles mortes).
Photos: Paul Devienne
Un couvercle est indispensable pour empêcher les évasions des salamandres et des proies vivantes mais aussi les intrusions si le terrarium est en extérieur (chats, rongeurs, oiseaux…), il peut consister en un cadre en bois sur lequel est tendu un grillage type moustiquaire qui permet ainsi une aération/ventilation…
Mes couvercles sont constitués d’un cadre en tasseaux de bois (2cm) aux dimensions internes du terrarium, le grillage moustiquaire est tendu sur le cadre et fixé par des agrafes, des champs plats (4cm de large) coupés en biseau sont fixés sur le cadre en bois en dépassant sur l’extérieur afin de reposer sur le pourtour du terrarium.
Les salamandres tigrées se maintiennent à température ambiante, un chauffage est inutile, les températures idéales se situent entre 16 et 22°C ; en période froide (hibernation) la température peut avoisiner les 0°C, elles supportent aussi les pics de chaleur temporaires l’été jusqu’à 30°C dès lors qu’elles sont en bonne santé et dans de bonnes conditions de maintenance (substrat épais où elles peuvent s’enfouir).
Vivant à l’ombre et souvent cachées, un éclairage n’est pas utile, éviter surtout les rayons directs du soleil qui transformeraient vite le terrarium en étuve.
Entretien
Les salamandres souillent le substrat de leurs déjections, elles piétinent les feuilles mortes en surface, la mousse végétale dépérit souvent, certaines proies peuvent mourir avant d’être consommées (grillons).
Il convient de renouveler à intervalles réguliers une partie du substrat, la mousse, la litière de feuilles mortes, les plantes (d’où l’intérêt des pots), retirer les cadavres de proies, j’effectue aussi un renouvellement total de l’ensemble avant l’hibernation et à la sortie de l’hiver en récupérant certaines proies (vers de terre, gros cloportes). Les cloportes qui ne sont pas toujours consommés par les grosses salamandres sont des auxiliaires efficaces dans l’entretien du substrat, ils sont en effet détritivores et se multiplient bien si ont leur fournit quelques tranches de carottes ou pomme de terre ( à dissimuler sous une écorce).
NourrissageCes salamandres de grande taille ont besoin d’un apport abondant de nourriture pendant leur période d’activité, elles sont carnivores et voraces, des cas d’obésité ont été observés.
Elles consomment des invertébrés vivants qu’elles trouvent au sol, on peut laisser dans le terrarium des vers de terre, limaces, cloportes, grillons que l’on peut donc maintenir en les alimentant de petits bouts de pomme ou rondelles de carottes, il convient de faire des apports réguliers de ces proies vivantes, que l’on trouve dans le jardin si il n'est pas traité aux pesticides/herbicides (sous les pots de fleurs et jardinières), bois et forêts et magasins spécialisés. Pour récolter des cloportes j'empile quelques vieilles planches sur la dalle en ciment d'une cour ombragée, les limaces se ramassent à la tombée de la nuit dans les jardins et parterres de fleurs où on les considère nuisibles, sous les dalles, surtout après une pluie, les vers de terre se trouvent en bêchant la terre ou sous des souches, pierres, etc...
A.mavortium avalant un ver de terre. Cloportes, grillons, limaces sur rondelle de carotte. Photos: Paul Devienne
On peut aussi les habituer à de la nourriture inerte distribuée à la pince, elles acceptent volontiers des morceaux de cœur de bœuf, gros grillons, criquets, morceaux de blattes, morts par congélation (à décongeler !), ces aliments ont l’avantage de pouvoir être conservés au congélateur quelques mois en cas de pénurie de proies vivantes. J’évite les vers de farine; sur les forums anglophones, certains proposent occasionnellement de très jeunes souriceaux, je ne l’ai jamais tenté.
Un apport régulier de vitamines et calcium sous forme de poudre peut être réalisé.
Repos hivernalAfin de respecter leur cycle de vie et d’espérer induire une reproduction, les ambystomes doivent passer la période hivernale au froid.
A l’automne, le terrarium est préparé par un renouvellement du substrat, sur une couche de 15 cm de tourbe/terreau mélangé à du sable, je dépose quelques écorces, plaques de mousses que je recouvre de feuilles mortes (chênes, hêtres). Le terrarium est alors placé dans une pièce froide (garage, sous-sol, véranda non chauffés) où la température descendra tout en restant hors gel ; avec couvercle aéré il faut veiller à ce que l’ensemble reste légèrement humide. Les salamandres ne sont plus nourries, elles s’enfoncent dans le substrat, se cachent sous une écorce et ne sont plus actives ; en bonne santé elles supportent un jeun de plusieurs mois.
ReproductionPour espérer avoir une reproduction en captivité, il faut avoir au moins un couple adulte d’ambystomes, le mâle à la queue plus longue (jusqu'à plus longue que le corps !) et plus comprimée que la femelle qui a la queue plus courte et plus ronde de section, mais la différence majeure se situe au niveau du cloaque plus développé chez le mâle, alors que la femelle présente une petite fente cloaquale, le mâle lui montre 2 bourrelets assez volumineux de profil comme de vus de dessus. En période de reproduction le cloaque semble plus volumineux avec des genres de petites papilles (glandes à phéromones ?)
Mâle A.m.diaboli de coloration olivâtre et à la queue bien longue, le cloaque se situe à l'arrière des pattes postérieures. Photo:Sophie
photos: Paul Devienne
La reproduction a lieu après le repos hivernal, quand les températures remontent, et que les pluies d’hiver ont rempli les points d’eau temporaires où iront se reproduire les salamandres.
L’accouplement, la ponte et le développement des larves auront donc lieu dans l’eau ; les mâles sont les premiers à s’y rendre, suivis par les femelles. Le jeu de séduction (parade nuptiale) et « l’accouplement » ont lieu la nuit.
Afin de reproduire ses conditions ,en fin d’hiver donc (mi février/mars), alors que les températures remontent et que les ambystomes se réveillent ( sorties nocturnes) il faut commencer à arroser quotidiennement le terrarium par pulvérisations ou à l’arrosoir pour simuler les pluies, au bout d’une semaine le terrarium est bien humide voir trempé, les adultes sélectionnés peuvent être transférés dans un aquarium ou aquaterrarium ; un niveau d’eau de 10-15 cm suffit, l’eau doit être fraiche, de préférence de pluie, quelques branches, des feuilles mortes (chênes, hêtres) y sont déposées et pourront servir de supports de ponte, les animaux doivent pouvoir s’exonder sur la partie terrestre de l’aquaterrarium ou sur un support émergeant dans le cas d’un aquarium. Les mâles peuvent être introduits avant les femelles.
Si les conditions sont favorables, le mâle sollicite une femelle en la suivant, lui donnant des coups de museau sous le ventre pour la soulever, après quelques minutes il montre son cloaque face à la femelle en inclinant la queue à 45° puis dépose un spermatophore sur le substrat, la femelle avance alors et se positionne sur le spermatophore pour l’absorber au niveau du cloaque, la fécondation est interne sans amplexus. Ce rituel doit se répéter la nuit car il m’est arrivé de retrouver de nombreux spermatophores le matin.
Spermatophore d'A.mavortium. Photo: Paul Devienne
La ponte à lieu rapidement, 24/48h après la fécondation la femelle dépose ses œufs sur les branches et feuilles immergées, isolément (
A.mavortium) ou par petites grappes (
A.tigrinum), la ponte peut se prolonger sur 2 jours ; les pontes que j’ai obtenues en captivité comprenaient jusqu’à 200 œufs, mais
Ambystoma mavortium détient le record de ponte chez les urodèles avec plus de 7000 œufs !
Après la ponte, les adultes sont retirés et remis dans leur terrarium renouvelé, un aérateur d’aquariophile assure une bonne oxygénation de l’eau, l’aquarium restant à température ambiante. Le développement des œufs est assez rapide, l’éclosion a lieu après 3 à 4 semaines à 18 °C, le développement est ralentit si les températures sont inférieures. il arrive que des œufs ne soient pas fécondés et pourrissent dans leur gangue gélatineuse.
Oeufs d'A.mavortium à divers stades de leur développement. Photos: Paul Devienne
Elevage des larvesLes jeunes larves commencent à se déplacer au bout de quelques jours en quête de proies. Je leur fournis alors du zooplancton d’eau douce, des daphnies, péchées à l’aide d’une épuisette fine, si les daphnies sont grosses je procède à un double tamisage à l’aide de 2 épuisettes de maillages différents. en grandissant elles accepteront des larves de moustiques, des larves de chironomes ( vers de vase).
Larves d'A.mavortium. Photos: Paul Devienne
Quand les larves mesurent 2 cm, on peut les séparer les unes des autres dans des boites plastiques ou les garder en groupe, il convient alors de nourrir abondamment pour éviter les mutilations et cannibalisme, et de ce fait un nettoyage plus fréquent est à réaliser. La taille des proies augmentent avec la croissance des larves, des daphnies on passe aux vers de vases, vers de terre coupés, petit morceaux de cœur de bœuf, granulés pour axolotls. Un filtre interne peut être installé quand les larves sont assez grosses pour résister à l’aspiration.
Nées en avril, elles atteignent 10/12 cm en juillet et se métamorphosent; les larves dodues s'affinent, les branchies et la membrane caudale régressent, les taches apparaissent, les jeunes salamandres commencent à respirer à l'air.
Larve A.mavortium en cours de métamorphose (régression des branchies).
Photos: Paul Devienne
Différents stades de la métamorphose (apparition des taches). Il faut alors baisser le niveau d'eau à 1-2 cm, on peut créer une pente en plaçant une cale à l'extrémité de l'aquarium et créer une partie exondée par un empilement d'écorces et de mousses, quand elles seront prêtes, les jeunes salamandres quitteront l'élément aquatique pour se réfugier sous une écorce.
installation pour éxondation
Photo: Paul Devienne
Après une dizaine de jours, les jeunes salamandres peuvent être installées comme les adultes dans un terrarium, nourries de proies de taille adaptée. Il peut arriver que des larves ne se métamorphosent pas la première année, il convient alors de les maintenir en aquarium de la même façon que des axolotls jusqu'à l'année suivante.
Jeune salamandre A.mavortium après métamorphose. Photo :Paul Devienne
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